jeudi 23 mai 2024

Rue Duplessis - Ma petite noirceur, par Jean-Philippe Pleau, Lux éditeur

Faut dire d'entrée de jeu que c'est une totale réussite. Pour moi en tout cas. Je suis en plein dans le public cible, et j'espère, pour l'auteur, que ce public est aussi large que tout le spectre de la société qu'il couvre avec ce livre.

Jean-Philippe Pleau raconte comment il est devenu un "transfuge de classe", de son enfance dans un milieu où l'éducation et la réussite n'avaient pas leur place, jusqu'à son métier d'animateur d'une émission de radio axée sur la pensée, la philosophie et la sociologie. Sans avoir manqué d'amour, l'auteur raconte comment il a manqué de tout le reste, de l'encouragement jusqu'à l'empathie, en passant par la confiance en soi, et j'en passe.

Bien sur, il s'agit d'une histoire personnelle. Bien racontée, elle contient des références d'auteurs en sociologie, étant donné l'expertise de l'auteur. Le livre est donc un essai où le parcours est racontée comme un roman, mais avec des moments d'arrêt où l'auteur/narrateur examine la situation ou les personnages pour faire des liens, expliquer un comportement ou l'aboutissement de ce qui est raconté. Dans le genre, c'est, à mon sens, une excellente façon d'informer en divertissant.

Ce n'est pas un ouvrage érudit difficile à lire. Pleau utilise souvent différents niveaux de langage pour décrire des scènes et nous fait souvent sourire tout en nous faisant réfléchir.

Parce qu'on réfléchit beaucoup en lisant Rue Duplessis. Beaucoup. Inévitablement, on se demande où on se situe par rapport à l'auteur, sa famille, et ce qu'il est devenu. On se questionne aussi sur le ton qu'il utilise parfois pour raconter telle ou telle situation. On craint parfois la condescendance, on redoute de bien déceler de l'ironie, mais finalement c'est plus simple que ça. C'est l'histoire d'un gars issu d'une classe sociale assez basse merci qui s'en extrait. Le constat qu'il en fait est à son image: parfois un peu maladroit, parfois hyper éclairé, mais toujours pertinent et surtout pas ennuyant. J'ai lu ce livre quasiment d'une traite, ce qui est rare pour moi, lecteur lent s'il en est un.

Je recommande Rue Duplessis pour le regard très allumé que Jean-Philippe Pleau porte sur la définition de classe sociale. Il y a les chanceux et les moins chanceux. Dans notre vie, on s'identifie parfois aux uns, parfois aux autres, mais ce que dit Pleau, c'est qu'on ne peut jamais être les deux en même temps. Vous, où vous situez-vous?

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