dimanche 17 septembre 2023

La blague du siècle, par Jean-Christophe Réhel, éditions Delbusso

Ce livre que j'ai dégusté tout d'une traite (à peu de choses près) m'a laissé une délicieuse impression de "wow", d'avoir assisté à un événement. Complètement charmé par le ton le le rythme, cette histoire pourtant pas particulièrement jojo m'a séduite pas tant par ce qu'elle raconte que par les émotions qu'elle m'a fait vivre. Jean-Christophe Réhel: mon nouvel auteur coup de coeur.

Le narrateur vit dans l'est de Montréal avec son frère schizophrène et son père rendu au stade avancé d'un grave cancer. Ce narrateur travaille dans un Tim Hortons, sort d'une peine d'amour, et s'intéresse au stand-up, assez pour envisager, parfois, une carrière dans le monde l'humour. Au-delà de tout ça, sans jamais le dire, le gars se sent responsable des deux membres de sa famille avc qui il partage une vie peu confortable dans un appartement triste, et on peut inverser les adjectifs...

Réhel raconte le naufrage de ces personnages avec un ton près de l'humour, de la dérision, mais aussi avec une compassion aussi belle qu'inattendue. Si certaines scènes sont dures, mais aucune n'est trash. L'auteur décrit ses personnages dans l'intime et les fait s'entourer de personnages qui ajoutent tant à la grisaille qu'à la bonté. L'environnement décrit est hyper-réaliste, sans exagération ni dans le "pire que pire" ni dans le "lunettes roses".

Ce ton est vraiment remarquable. Il m'a fait penser à cette définition qu'on donne parfois de la musique de Chopin: des canons enfouis sous les fleurs. C'est ce que j'ai ressenti de l'écriture de Jean-Christophe Réhel: la dureté d'avoir faire avec ce qu'on a, avec ce qu'on est, camouflée par la vision qu'on a de tout ça, de tous ces gens. La situation a beau dégénérer, un vortex a beau l'emporter vers le bas, lui et sa famille, le narrateur garde en lui une confiance en son amour pour eux. Quelque chose le fait persévérer, durer, et raconté de cette façon, c'est hyper beau.

On sort touché de ce roman très fort, sans aucune eau de rose, mais avec des mots percutants, des répliques magnifiques et des images tiré e l'imainaire d'un auteur qui sait reconnaître des traits de poésie là oèu ils peuvent se cacher le plus profondément.

Je sais que Réhel s'est fait connaître pour d'autres romans et recueils de poésie avant La blague du siècle. Je le découvre avec ce dernier livre, et j'invite ceux qu'un Chopin littéraire pourrait intéresser à faire la même expérience.

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