jeudi 4 mai 2023

Vivre vite, de Brigitte Giraud, éditions Flammarion

Certains livres vous font vous remettre en question. Avec celui-là, je me suis sérieusement demandé si j'avais du coeur, si je devenais insensible, bref, si j'avais un problème. Parce qu'il faut le dire: le livre me tombait des mains.

Ce récit est celui des derniers jours vécus par l'autrice avant le décès tragique de son amoureux en 1999. Elle revient sur les événements par une formule où chaque chapître est un pan de l'histoire qui aurait changé le dénouement s'il n'était pas arrivé, ou si quelque chose d'autre était survenu. Bref, Giraud écrit sur la fatalité. Elle profite de la description de chaque geste, chaque situation, pour pointer ces petits riens qui font la vie, ces grands coups qui la changent, les habitudes, ce qui bâtit la confiance, bref, une foule de choses qui, mises bout à bout, deviennent des souvenirs qui, eux, nous font tels que nous sommes devenus.

C'est bien, super bien écrit, et la fin est superbe, en un bel hommage à cet amoureux qui marque encore ses souvenirs et qui, l'a fait, elle, à travers l'histoire qu'elle a vécu avec lui.

Mais mon dieu que j'ai peiné. J'avais parfois l'impression d'une personne inconnue qui s'assoit à côté de vous et qui vous raconte sa vie difficile. À d'autres occasions, je tiquais sur le fait que lorsqu'elle parlait de leur enfant à tous les deux, elle disait "son fils", et non "le nôtre, notre fils". Cette impression que la narratrice se met de côté...

Et il y a eu cette impression générale de " mais pourquoi elle revient là-dessus puisque c'est arrivé il y a si longtemps? Pourquoi tant de tourments? " Bon. Bien des livres partent d'un fait vécu dans l'enfance, ou dans une période antérieure. C'est pas le premier. Alors pourquoi cette histoire, pourtant touchante et racontée sans flafla m'a tant tapé à certaines occasions? Étais-je dans le déni de la fin inéluctable, qui serait triste parce que mortelle? Peut-être, mais je crois avoir trouvé la vraie raison: avec Brigitte Giraud, qui a pourtant remporté le Goncourt avec ce livre, c'est quand même pas rien, j'ai atteint ma limite avec l'autofiction.

J'aime lire pour m'évader de la réalité, fut-elle passée ou présente. J'aime les histoires. C'est donc pas la faute de Brigitte Giraud, à qui je m'excuse bien sincèrement. C'est juste que là, les histoires écrites au "je"... faudrait que je prenne une pause.

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