C'est l'histoire de la vie de jeune adulte d'un gars intense et qui se définit par sa sexualité. Si, déjà, ce mot vous fait sourciller, sachez tout-de-suite que cette bande dessinée se définit très bien par ses deux composantes: "bande" et "dessinée".
Si le jeu de mot est facile, le propos du livre ne l'est pas pour autant. Par "facile", je veux dire "léger" ou "superficiel". On n'est pas là. Tripp n'est pas le dernier venu en matière d'édition et ça paraît. S'il sait manifestement dessiner (j'adore ses dessins), il sait aussi raconter, d'autant plus que ce qu'il raconte, c'est lui.
J'ai encore le préjugé que la littérature érotique tombe presque toujours inévitablement dans la vacuité, ou même, j'y reviens, à une certaine facilité, ce qui a souvent pour effet de me lasser. Loin de me choquer, les propos érotiques faciles m'ennuient ou m'exaspèrent. Mais ici, j'ai souvent ri, et lorsque c'était le cas, ce n'était pas par dérision. C'était plutôt le ton, l'atmosphère. Tripp raconte ses aventures comme s'il s'adressait à un ami, sur un ton très décomplexé. Ça nous donne un livre très intérieur, où angoisses et remises en question chevauchent (encore un jeu de mot facile...) aventures sexuelles et relations sociales.
On raconte rarement la vie sous l'angle de la sexualité. Et pourtant, quoi qu'en diront les prudes, elle nous définit tous. Or, pour toutes sortes de raisons, on a utilisé cet aspect de la vie pour contrôler les consciences... avec les résultats que l'on sait. Le gars qui se raconte ici est manifestement "libéré", au sens où on l'entend lorsqu'il s'agit de vie sexuelle. Et pourtant, y'a quelque chose qui ne marche pas. Ses relations ne durent pas, et il ne peut se contraindre à vivre seul. Or, au fil de ses rencontres, il aura une épiphanie...
Bon, d'accord, cette fin ne vous chavirera pas. Ce qui vous touchera, et je pèse mes mots, c'est bien sur les planches hallucinantes parce que souvent tellement belles. Si vous n'aviez jamais vraiment vu par le détail des relations sexuelles dessinées, mais BIEN dessinées, Jean-Louis Tripp vous l'offre ici de la meilleure façon qui soit. Vous rougirez peut-être, mais ne serez pas dégoutés.
Cet auteur est aussi un dessinateur hors pair et ce deuxième volume de sa série Extases (je ne savais pas qu'il y avait un premier, mais bon, c'est pas vraiment grave) est juste assez long pour qu'il vous fasse passer quelques heures d'un divertissement beau, bon, drôle, touchant, et surtout raconté avec une justesse rare en matière d'érotisme.
À lire et à regarder... si votre moi profond vous le permet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire