Chaque fois je me demande si je devrais encore lire Ava Audir Olafsdottir, qu'elle finira bien par écrire quelque chose d'ordinaire. Eh bien c'est pas pour cette fois. C'est même à se demander si elle a déjà écrit quelque chose d'aussi beau avant.
Pourtant, j'avoue que le titre n'avait rien pour me plaire. J'imaginais quelque chose de mièvre et de pathétique comme les concours de miss. Ava Audur nous emmène à l'exact opposé, dans une histoire campée dans les années 60, une époque où la brume qui recouvrait encore le monde commençait tout juste à se lever. Ce livre raconte les premiers rayons de soleil qui l'ont percé.
Hekla est une jolie fille qui quitte son petit village pour aller vivre en ville. Oui, ça se passe en Islande, parce que oui, l'autrice est islandaise. Mais ça pourrait se passer à Montréal, Lyon, New York ou chez-vous, ne voyez surtout pas un effet de style sur le lieu.
Dans le bus, Hekla n'est pas déjà rendue en ville qu'elle se fait offrir de participer au concours de Miss Islande par un fervent protagoniste de l'événement, amateur de belles femmes. Mais voilà, Hekla n'en a rien à foutre. Elle, ce qu'elle veut, c'est écrire, ce qui est déjà pas mal weird en soi parce que que de ça non plus, personne n'en a rien à foutre. Sauf peut-être...
En ville, Hekla connait deux personnes. Une vit dans son petit appart à attendre son mari et à élever sa petite fille. L'autre vit dans une chambre entre deux voyages en bateau parce qu'il est marin, un métier qui ne lui apporte que des misères parce que son rêve est de devenir couturier. Ces deux personnages sont des amis d'enfance de Hekla. Ils ont le même âge, les mêmes espoirs, les mêmes angoisses mais surtout la même envie de devenir ce qu'ils sont, de faire ce qu'ils veulent. Les deux sont malheureux et voient dans Hekla une force, un vent contraire qui leur fait du bien. L'amie féminine se voit recluse à vie, et mère de plusieurs enfants malgré elle. Lui se voit comme le pire des humains parce qu'il se sait homosexuel. Et entre eux, avec eux, il y a Hekla qui poursuit sa vie contre vents et marées, à force de petits boulots mal payés et de remarques salaces sur son physique.
Et je ne saurais oublier son père, resté dans son coin de pays, loin, mais plein d'une foi rare pour sa fille, une foi en l'autre qu'on appelle "confiance", quelque chose d'aussi rare que précieux.
Il serait tentant de raconter ce qui se passe ensuite. Essayons seulement de vous faire ressentir combien Miss Islande est lumineux. À un moment donné, un des personnages se retrouve en Europe, bien au sud de l'Islande, où il (ou elle) constatera que là-bas, "il fait nuit à tous les jours". Note personnelle: amateur de l'Islande, j'ai toujours trouvé particulier qu'on me dise "qu'il doit être difficile d'aller là, écoute, y fait nuit la moitié de l'année". Personne ne m'a jamais laissé supposer que l'autre moitié de l'année, il faisait seulement jour... C'est justement ça, Miss Islande: la lumière qui perce la nuit.
Mention spéciale, pour une ixième fois sur ce blogue, à Éric Boury, traducteur de l'Islandais, pour la beauté de la langue. Quant à Ava Audur Olafsdottir, espérons-la encore aussi inspirée pour ces livres à venir. De toute évidence, cette autrice sait voir les couleurs dans les tableaux lex plus gris, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
Encore!
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