Fanny Britt est surtout connue au Québec pour son apport au monde du théâtre. Pour ma part, j'ai surtout remarqué ses traductions de pièces d'auteurs britanniques. C'était toujours percutant, fort et sensible. Ce premier roman est marqué des mêmes sceaux.
J'ai beaucoup entendu parler de ce livre avant de le lire, aussi je savais déjà qu'il s'agissait de l'histoire d'une agent d'immeuble qui faisait la rencontre d'un ancien amant, pour ne pas dire d'un amour de jeunesse. Cette colonne vertébrale est ce qui, de toute évidence, a le plus retenu l'attention. Pour ma part, c'est toute la chaire autour de cet os qui m'a frappé. Bien plus que l'histoire d'amours fragiles, j'ai vu dans ce livre le portrait d'une époque, la nôtre, et j'ai trouvé ce portrait non seulement très juste mais aussi très vrai.
Oui, l'agent immeuble en question rencontrera son ancien amant. Ce gars-là est devenu, avec la distance amenée par le temps, un idéal, une histoire qu'elle n'a jamais pu terminer, enfin, qu'elle n'a pas vu se terminer comme elle l'aurait souhaité. Aussi l'a-t-elle magnifiée avec le temps. De toute évidence, cette histoire qu'elle s'était inventée, ce "et si ça avait continué", l'aidait à combler un vide, mais lequel?
La fille est pourtant aimée de ses enfants et de son conjoint. Sa carrière va bon train, bref, le présent lui sourit, jusqu'à ce qu'apparaisse ce mec surgit du passé. Alors l'auteure part explorer le passé de son personnage, un passé d'enfant du divorce, élevée, avec son frère, par une mère-courage misérabiliste. Sortie de sa petite ville de région (L'Abitibi) pour gagner Montréal, celle dernière vivra dans un perpétuel renoncement plus ou moins pathétique qui procurera le matériel dont ses enfants auront besoin, sauf peut-être un élément tout aussi essentiel: la faculté d'apprécier la vie.
Comme pour éviter de vivre le présent trop dur et trop morne de sa mère, la fille oubliera le sien, son présent et vivra dans le rêve jusqu'à ce que la réalité la frappe et qu'elle découvre enfin ce qu'est la vie, la sienne. Les maisons, ce sont des désillusions, mais aussi un appel au carpe diem.
Québécoise dans son décor, l'histoire est pourtant universelle, et, à mon sens, très particulière à notre époque. L'écriture de Fanny Britt est extrêmement efficace, concise, droit au but, et élégante en même temps. Il faut beaucoup de doigté pour ne pas faire de tels personnages des perdants intégraux ou des inconscients finis, comme c'est souvent le cas dans ce genre de chronique de société. Ici, l'auteure réussi à donner à chacun de ses personnages une certaine part de lumière, ce qui nous laisse ébahis à la fin du livre, ébahis comme le personnage, de sortir intact d'une histoire qui aurait pourtant pu nous débâtir.
Un livre superbe en plusieurs points.
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