Gros coup de coeur pour une autrice que je ne connaissais pas. Une enquête est prétexte à une femme de retourner sur son enfance et son adolescence mais surtout, dans sa ville d'origine. Du coup, ce livre devient un hommage à la ville en question, qui devient le personnage principal, et c'est superbe.
La ville, c'est Le Havre, un grand port sur la Manche qui a la particularité d'avoir été détruit pendant la Deuxième guerre mondiale. Sa reconstruction en a fait une ville avec une réputation peu enviable d'être moche, bétonnée, industrielle, et qui plus est, battue par le vent et la pluie. Perso, rien qu'avec ça, c'était bien parti. Assez des grandes capitales.
Sachant que le livre était bâti autour d'une enquête, le pas-vraiment-fan de polars que je suis avait ses appréhensions. Mais celle enquête m'a parue douce, originale, et son dénouement m'a beaucoup touché.
Tout ça est porté par une écriture hyper sensible aux autres et à ce qui les entoure. Maylis de Kerangal a un don incroyable pour décrire des lieux. Ici, les décors créent les personnages. C'est comme si les personnages vivaient un résultat de leur environnement. On a donc du gris, de la rudesse, mais celle des éléments, pas des gens. Et comme ces éléments sont naturels, les personnages le sont aussi. Ce naturel se sent partout, de la patience résiliente d'un policier jusqu'à l'accueil empathique d'une tenancière de bar pourtant réservée. Quels beaux personnages.
Mais là encore, d'une marche sur un quai battu par les vagues, la pluie et le vent, jusqu'à une conversation dans une auto qui traverse une autoroute pendant que le jour se couche sous la pluie (encore), les décors m'ont complètement emportés. L'autrice nous prend par la main pour redécouvrir la ville de son enfance avec nous, et c'est un réel plaisir.
Bon, ceci dit, de Kerangal est de celles qui se laissent aller parfois avec des phrases qui s'étendent sur presque deux pages. Au début, on manque un peu de souffle, mais à force, une fois qu'on a trouvé son rythme, ça se lit bien.
Vous aurez de belles heures de lecture pendant ce Jour de ressac.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire