lundi 7 août 2023

Mon fils ne revint que sept jours, par David Clerson, éditions Héliotrope

Raconter une tristesse d'aussi belle façon mérite qu'on s'y attarde. Ce court livre est franchement superbe.

La narratrice est une mère qui observe, qui accepte de laisser aller, de ne retenir rien ni personne. Si son fils revint, c'est qu'il était parti depuis longtemps. Son conjoint aussi, disparu depuis encore plus longtemps et sa fille, pourtant restée plus près, lui est presque devenue étrangère.

Ce livre sur les relations familiales a tout des autres livres que j'ai récemment lus, mais avec un ton complètement différent. Ceux-là parlaient de relations entre membres de familles où les mères sont souvent prenantes, intenses, dont l'emprise sur la famille est à la vie et à la mort. Ici, c'est le contraire. Cette femme raconte comment tous se sont éloignés sans qu'elle ne les retienne. Elle les a laissé aller, laissés vivre leurs vies. Restent d'eux les souvenirs et l'amour. Son fils vit tous les tourments, sa fille s'affadit. Seuls ses petits enfants, peut-être, la remènent au désir et aux possibilités de partager des petits bonheurs.

Cette voix suscite l'empathie par sa retenue. On comprend ses peines, tout en ressentant aussi bien qu'elle que la vie est aussi ailleurs, autour. Parce que l'environnement immédiat de cette narratrice devient un personnage. La forêt qui entoure son chalet, le lac, de plus en plus peuplé, et le chalet lui-même, qui n'a pas changé de génération en génération. Tout ça, on le sent, devient sa nouvelle raison de vivre. On aime parcourir la forêt avec elle. Les descriptions en sont fantastiques.

L'auteur décrit fort bien une solitude confortable. Il en parle avec un respect quand même assez rare. C'est ce qui fait que ce livre, qui pourrait vous laisser triste, a quelque chose d'apaisant. Cette histoire se passe doucement, comme la vie de la narratrice qui acceptera, elle aussi, que sa vie passe et la quitte.

C'est le ton de ce livre qui m'a plu, le calme de la forêt qui étouffe les cris dans la tête du fils. L'écriture de David Clerson est efficace, belle et invitante. J'ai bien envie de lire autre chose de lui. C'est à lire, tant sous la pluie que le soleil.

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