Du Leningrad des années 20 au New York des années 30, Corps conducteurs offre un voyage exceptionnellement réussi entre fiction, histoire, amour, espionnage mais surtout, la découverte d'un personnage tellement charmant qu'il en est rare.
Léon Termen a existé. Tout comme le thérémine, son invention la plus connue. Clara Rockmore, celle à qui Léon écrit ce roman formidable a aussi existé. Tout comme Lénine, Staline, Béria, Gershwin, Glen Miller et tous les personnage fabuleux qui feront leurs entrées et leurs sorties sur la scène fabuleuse de la vie de Léon.
Fabuleuse, sa vit le fut, mais pas heureuse pour autant. Inventeur russe menant une vie tranquille à Petrograd, bientôt renommée Léningrad, Léon est catapulté dans le monde par son invention qui mélange champs électriques et musique. Fascinées par l'objet, mais aussi par le talent de cet inventeur hors pair, les autorités russes font du bonhomme un ambassadeur du génie créatif soviétique. Ce succès l'emmène jusqu'à New York où sa carrière prends un essor à la mesure du développement de la ville et du pays où, finalement, il passe un certain temps.
Mais malgré tout l'époque est trouble et Léon est russe, et par le fait même, toujours un ambassadeur de son gouvernement... même si ça ne parait pas toujours. Célébré pour ses succès dans son pays d'adoption, Léon sera rattrapé par la réalité, en fait, par sa réalité propre, celle de son origine russe, et celle de son intelligence, deux réalités que son état lui remettra en pleine face de façon assez brutale.
À travers les aventures incroyables de Léon, se trame l'histoire de deux décennies où années folles et préludes de guerre se sépareront entre deux mondes mythiques du temps: le New York du swing et des boîtes de nuit et le Léningrad des laboratoires et des chimères du communisme. Aussi décevants l'un que l'autre, le capitalisme des uns et le communisme des autres contribueront à la descente de Léon.
Car c'est l'histoire d'une victime, une vraie victime: d'un homme de talent qu'on a utilisé, d'une naïveté immense dont on a profité sans scrupules. ON est loin, ici, du misérabilisme ou de la victimisation. Le personnage de Léon est attachant, c'est là une remarquables réussites de Sean Michaels. Le scénario est parfait. Il dose tous les genres littéraires avec un équilibre qui rendra cette histoire captivante pour tous les types de lecteurs. Corps conducteurs est l'histoire de quelque chose de tragique adouci par l'humanité d'un créateur. Comme quoi au-delà de la technique et des politiques, il y a le talent brut qui, lui, demeure indestructible.
Chapeau bas à la traductrice Catherine Ledoux. La sensibilité, l'humour et la dureté des personnages et des situations se rendent jusqu'à nous sans filtre. Sean Michaels nous offre un hommage au talent créatif, à une époque, mais aussi à la musique et aux sons, et que vos affinités ne rejoignent qu'un seul de ces éléments, vous apprécierez le mélange de chacun dans cette belle histoire. Certaines scènes sont lumineuses, particulièrement dans la dernière partie du livre, là où pourtant le fil de l'histoire ne nous laisse pas deviner de telles scènes.
Qui est Clara Rockmore? Qu'arrivera-t-il de si tragique à l'inventeur Léon Thérémine? À lire à tout prix, et à offrir à quelqu'un qui ne lit pas souvent et à qui ont veut faire découvrir les joies de la lecture. Et ah, tiens, que pensez-vous d'un petit avant goût... vidéo? Le son, l'allure... et le personnage tiré du roman, tout ça donne un excellent avant goût de Corps conducteurs.
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