mercredi 5 juin 2019

La griffe du diable, par Lara Dearman, éditions Robert Laffond

Voilà un polar dont la construction est convenue mais le décor, original. Une enquête sur une série de meurtres est menée par un policier en fin de carrière et une journaliste dans la petite communauté des habitants de l'île anglo-normande de Guernesey. Donc, si les protagonistes sont en effet assez convenus, le cadre diffère, et c'est d'autant plus intéressant que l'autrice connaît manifestement très bien le milieu qu'elle décrit.

L'histoire se déroule à notre époque. Les gens sont gentils, se connaissent pas mal tous et les disparités sociales en font un genre de microcosme de toute nation occidentale qu'on puisse imaginer. Comme pour d'autres romans que j'ai lu ces dernières années, les caractéristiques inhérentes aux petites communautés rendent tout plus gros: les perceptions, les fiertés, les relations, les peurs. C'est dans ce contexte qu'évoluent les deux personnages principaux, entrainés dans leur enquête par la mort d'abord anodine d'une jeune femme. Leur enquête les mènera à explorer l'histoire récente de leur coin de Terre, et tout particulièrement celle de l'Occupation, pendant la 2e Guerre mondiale. Les îles anglo-normandes ont en effet été la seule portion de territoire britannique, et cette situation aura une incidence sur le fil des événements. C'esg intéressant et bien amené.

Bon décor, donc, contexte social et historique vraiment intéressant. Côté intrigue, c'est assez classique. Les deux enquêteurs ont chacun leurs démons intérieurs à apprivoiser, et ce sont ces parts d'ombres qui feront d'eux des humains mieux outillés que les autres pour dénouer les fils des intrigues dont ils sont d'abord témoins et dont ils feront partie, au fil de l'histoire.

Le polar est un style d'écriture dont les conventions sont établies, et ces conventions sont ici bien respectées. Je note toutefois, quelques "tics" ou exercices de style un peu inutiles. Comme cette fâcheuse manie. D'écrire. Une phrase complète. En mettant des points partout. C'est un peu comme si on indiquait au lecteur des endroits où faire une pause, un peu comme s'il était le narrateur d'un texte tragique qu'un débit lent rendrait encore plus tragique qu'il ne le faudrait. C'est un peu infantilisant et, encore une fois, assez inutile.

Un bon polar, donc, qui fait découvrir une contrée mal connue. Écrit et traduit honnêtement, sans violence désagréable mais avec une bonne tension qui, à mon sens, trouve son dénouement un peu rapidement à la fin. Mais bon, les amateurs de thrillers sauront me dire si j'ai raison ou tors sur ce point.

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