C'est une histoire terrible, horrible, mais magnifiquement écrite. Le sentiment qu'on éprouve à la fin du livre, pas très long d'ailleurs, il faut le dire, donc chapeau pour la force de l'émotion quand même ressentie, est la même qu'au sortir de l'Adversaire, d'Emmanuel Carrère. Coeur sensibles s'abstenir, et amateurs de grande littérature québécoise, se précipiter.
Un homme travaille dans la fonction publique. On parle ici d'un travail de bureau, comme tant d'autres, qu'importe ce qu'il fabrique, le milieu est celui dépeint sur la couverture du livre. Victime de "mesures administratives", cet homme se retrouve relégué dans les oubliettes de l'administration publique. D'autres diront qu'il est "tabletté". S'ensuit une remise en question, une dévalorisation, une descente aux abimes jusqu'à ce qu'un drame horrible survienne dans la vie de cet homme. Quelque chose d'épouvantable.
Débute alors ce qui est pratiquement un deuxième livre. La mesure de l'événement est telle qu'on en vient presqu'à oublier sa prémisse. Certains pourront reprocher cette cassure dans le fil narratif. J'ai failli le faire. Mais j'ai oublié les reproches au bout des petites conquêtes par lesquelles Biz est venu me chercher malgré cette histoire qui n'a rien de jojo. J'ai été conquis par ses mots bien choisis, pas ses descriptions d'un souvenir, d'une analogie, d'un personnage, dont il fait le tour en deux coups de cuillère à pot, en deux phrases ou en un seul paragraphe. Précis, Biz sait plaider sa cause en allant chercher notre assentiment par ces petites choses semées ici et là qui nous font réaliser que oui, c'est vrai, j'aurais décris ça comme ça ou oui, moi aussi, j'ai déjà vécu ça comme ça.
Bien sur, on sort secoué, d'autant plus que la situation ici décrite rejoint beaucoup celle décrite, encore plus succinctement, dans Dérives. On pourrait croire que Biz a trouvé un pattern avec les histoires de mal à l'âme, mais c'est beaucoup plus que ça. Je crois qu'on a avec cet auteur un fin observateur de notre société, même dans ce qu'elle a de plus caché, de plus tabou. En parler dérange toujours, et le plus souvent, ça heurte. Mais lorsque c'est écrit finement comme ça, on est prêt à en reprendre encore... si le chapeau nous fait, bien entendu.
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