mardi 8 mai 2018

L'art d'être fragile, par Alessandro D'Avenia, éditions des Presses universitaires françaises

Voici un essai dont le sous titre est: Comment un poète peut sauver ta vie.

Écrit par un prof de niveau secondaire (lycée), cet est un réquisitoire sur l'importance d'être soi. Bien qu'il s'adresse à un public de l'âge de ses élèves, l'auteur rejoint tous les âges par la justesse et la passion de ses propos.

D'Avenia est d'abord un gars qui aime son travail et qui est conscient de son importance. Dans sa démonstration, il cite souvent des propos de jeunes lecteurs ou étudiants (il a publié d'autres livres avant celui-là). ON sent combien il les respecte et les connait. Pour lui, le début de l'âge adulte est une époque charnière où le désenchantement risque de prendre une place disproportionnée. Son message est le suivant: ne vous laissez pas avoir. Attachez-vous à ce que vous aimez et surtout, regardez autour de vous, il y a du beau. N'ayez ni peur ni honte de porter votre attention là-dessus.

À mille lieues de la psycho-pop, D'Avenia parle de tout ça à travers des lettres qu'il adresse à celui qui est, manifestement, son auteur préféré: le poète italien Giacomo Leopardi. Je m'y connais peu en poésie, voir à peu près pas, sauf pour quelques grands textes des auteurs français et québécois les plus connus. J'avoue ne m'être jamais procuré un livre de poésie, et je ne connaissais pas Leopardi, que ce livre m'a permis de découvrir comme étant le plus grand poète italien. Malgré toute mon incompétence en la matière, les mots d'Alessandro D'Avenia m'ont rejoint.

La vie de Leopardi fut difficile. Malade et sans le sou, il a toutefois bénéficié d'une éducation développée qui lui a donné non seulement le goût des mots, mais aussi la possibilité de découvrir d'autres mondes et de s'ouvrir l'esprit sur les autres, sur ce qui l'entoure. La fameux cliché du poète devant les étoiles, c'est lui. S'ouvrir l'esprit, c'est prendre conscience de ce qui nous entoure et de ne pas se replier sur soi-même. C'est là toute la philosophie de D'Avenia, et dire franchement, c'est bon à lire.

D'Avenia est contre le pragmatisme étroit. Pour lui, l'imagination est un refuge comme nul autre. Il nous permet de nous renouveler. Pour stimuler les idées, il faut d'abord rêver.

Que le livre ait été écrit pour un public jeune n'enlève rien à sa qualité d'écriture. Bien au contraire, on est loin du ton infantilisant. C'est même assez érudit, du genre à relire parfois certains passages. Il faut dire que je lis peu d'essais. Aussi je constate que je décroche plus facilement à la lecture d'un tel livre. Reste que je l'ai lu avec beaucoup d'attention. Je le recommanderais à tout parent d'adolescent, à tout rêveur qui se trouve étouffé dans un monde trop formaté, à tout amoureux de la profession d'enseignant et à qui, comme moi, en sait peu sur la poésie, mais ne demande pas mieux que de la laisser entrer dans sa vie à la première bonne occasion. C'est ce que ce livre pourrait devenir.

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