J'ai appris que Au revoir là-haut était le premier livre d'une trilogie en lisant le quatrième de couverture de Couleurs de l'incendie. J'ai dû provoquer un son dans la librairie en l'apprenant. Quel, plaisir, il y en aura un troisième!
Le livre s'ouvre en 1927. On est aux funérailles de Marcel Péricourt, le père banquier du cher Édouard d'Au revoir là-haut, décédé sept ans plus tôt dans les circonstances que les lecteurs de ce premier tome extraordinaire connaissent. Le seul héritier de la colossale fortune du banquier est sa fille Madeleine, qui sera le personnage centrale de Couleurs de l'incendie. Héritière peu intéressée par les affaires, Madeleine vivra les affres du temps: on est à l'aube de 1929. Sa fortune sera fortement touchée, et les circonstances qui l'y conduiront seront provoquées pas tant par l'époque elle-même que par les actions torves d'autres beaucoup plus avides de richesse qu'elle.
Madeleine sera donc victime, mais de plus encore que de l'économie chancelante. Comme dans Au revoir là-haut, Couleurs de l'incendie commencera avec un incident épouvantablement tragique qui surviendra pendant les funérailles du patriarche. Vous vous souvenez du début sur les chapeaux de roue du livre précédent? Ça commence pareil avec le deuxième, mais dans un tout autre contexte. Puis, ça se bouscule jusqu'à la fin.
Couleurs de l'incendie est le récit d'une effroyable vengeance. À un moment, Madeleine se dit que l'époque dans la quelle elle vit est cruelle: l'économie de marché prends le dessus, tout est à l'argent, les plus forts sont les plus riches. Aussi, se dit-elle que pour s'en sortir, il lui faudra être cruelle elle aussi. Mais c'est du Pierre Lemaître. Rien n'est sordide, ou à peine, mais tout est spectaculaire.
Car l'écriture de Pierre Lemaitre est spectaculaire. Efficaces, drôles, percutants: les mots choisis par cet auteur hors-pair nous tiennent en haleine. Excellent conteur, c'est aussi un auteur soucieux du contexte historique et des lieux. Et par-dessus tout ça, ajouter des personnages irrésistibles: une infirmière polonaise qui ne parle que polonais, une cantatrice pseudo-italienne, une dame de compagnie parvenue, un adolescent passionné de publicité, et plusieurs autres visages qu'on n'est pas prêts d'oublier en tant que lecteur. Et comme décor: le Paris des années 20 et 30. C'est classique, me direz-vous. Oui, mais c'est absolument efficace, je reviens sur le mot, d'autant plus que Lemaitre réussi aussi à nous montrer cette époque que un calque de la nôtre. À moins que ce soit le contraire? Pensez-y: capitalisme tout-puissant, gouvernements faibles, montée de la droite dure et du fascisme...
Une autre chose rend l'écriture de Pierre Lemaitre remarquable: la constance du combat entre le bien et le mal. C'est partout, tant dans l'époque, l'histoire, que chacun des personnages. Tous, autant qu'ils sont, sont victimes et bourreaux, anges et démons. Quant au fil des événements, il faut avouer que c'est très cinématographique. On ne se surpendra pas qu'Au revoir là-haut ait été adapté au grand écran. Parions que celui-là suivra.
Action sans temps mort, rigueur historique, revirements spectaculaires, on n'est pas là dans l'introspection. Certaines scènes vous tordront pourtant le coeur, donc une, en particulier, dans un train, et d'autres vous feront éclater de rire malgré le tragique des situations rencontrées. C'est ça, Pierre Lemaitre: du tragique, voir même du cruel, mais avec des fleurs autour. Si vous avez aimé Au revoir là-haut, c'est une obligation de se procurer Couleurs de l'incendie. Et si vous ne connaissez encore ni l'un ni l'autre, ne vous demandez même pas si je vous les recommande.
ÇA, c'est de la littérature!
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