Retour en Islande, mais de la plus belle façon que j'aie trouvée: avec Jon Kalman Stefansson. Suite de D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds, À la mesure de l'univers poursuit le lent parcours d'Ari, éditeur islandais exilé au Danemark qui revient chez-lui voir son père mourant.
Ari est à Keflavik, une petite ville qu'il décrit comme un vrai trou, un endroit qui ne vaut rien.
En parallèle à son histoire, il y a celle de Jakob, son père, plus particulièrement l'histoire de sa rencontre avec la mère d'Ari et de l'époque qui suivra. Jakob se décrit comme un vrai couillon.
Puis, il y a l'histoire de Margret, la grand-mère d'Ari, mère de Jakob, qui a évolué entre les amours et les déceptions les plus profondes. Comme ceux qui la suivront, Margret est pleine de remords.
Stefansson tisse ces trois fils ensemble pour dresser un tableau où les plus belles scènes d'amour au quotidien côtoient la mort et la violence qui l'entoure parfois, ou l'autre violence, celle de l'absence et des regrets. Écrit par Stefansson, tous ces tableaux déjà vus prennent une toute autre perspective. Cet auteur a le don de donner la place la poésie en nous la faisant comprendre. Pour qui, comme moi, ne lit pas de poésie, je retrouve dans les descriptions de Stefansson des émotions, des sentiments forts, qui viennent de loin. On passerait 50 pages dans un désert avec lui qu'il réussirait à nous le faire trouver beau. Quelle incroyable écriture.
Comme dans son dernier livre, celui-ci est aussi rempli de musique. On passe de Manuel de Falla interprété par Pablo Casals à REO Speedwagon et ça se termine majestueusement avec Elvis. Si, comme moi, vous prendrez la peine d'écouter quelques unes de ces pièces pendant votre lecture, vous frôlerez l'expérience 3D.
Présenté comme une chronique familiale, À la mesure... donne aussi un portrait d'une époque qui se cherche. À travers les personnages qui se transmettent leurs défauts comme leurs tares, on se demande, comme eux, si nous menons notre vie comme il fallait qu'elle soit. Qui, de nous ou d'autres, on fait ce que nous sommes devenus?
J'ai terminé ce livre avec un profond sentiment d'injustice. Je trouve en effet injuste que Jon Kalman Stefansson ne soit pas plus connu. Ce gars est de la la trempe d'un Garcia Marques ou d'un Milan Kundera. Une écriture aussi belle et accessible est rare. Tellement de gens apprécieraient.
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2 commentaires:
Bonjour Alain,
Je ne sais pas si je fais ce que je suis devenue en te posant la question suivante: Qu'est-ce que ça veut dire cette question que tu as posée? Hemmm, quoiqu'après réflexion, ça doit vouloir dire: est-ce que mes actions sont en accord avec mon Moi Profond??
Tu me donnes le gout de lire cet auteur en nous disant que nous devrions le connaitre... je vais "l'essayer" du moins.
Je ne suis pas comme toi; je ne suis pas capable de finir un livre qui me rend comme l'a fait (chaviré-bouleversé-écoeuré-hérissé-étonné) le dernier que tu as décrit (celui qui se passe dans l'est de Mtl avec scènes de sexe jamais imaginées). Je reste trop marquée longtemps par le côté profondément méchant que l'humain peut démontrer. Je ne finis pas non plus les livres qui m'ennuient; ceux que je lis et dont je vois les mots sur la page plutot que l'histoire dans ma tête... Voila!! Au plaisir de te relire!! xxx
Salut,
En fait, en me relisant et en repensant au contexte du livre, je crois que je voulais dire: qu'est-ce qui nous a fait? Les autres? À moins qu'on prétende s'être fait soi-même, comme les fameux self-made men/women.
Je t'encourage vraiment à découvrir cet auteur. Si tu le fais, je t'encourage de commencer par Entre ciel et terre. Sa façon d'amalgamer la poésie et la narration est vraiment unique.
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