Il y a un mot que je n'ai pas remarqué sur la couverture. L'avoir lu m'aurait procuré une expérience de lecture très différente. Ce mot, c'est "roman". Je croyais pourtant à un recueil de nouvelles, puis que le livre contenait quatre histoires. Aussi ai-je lu la première dans la déception la plus totale. "Ça y est, me suis-je dit, Delacourt s'Éric-Emmanuel Schmittise". J'entends par là que je reconnaissais le style tellement beau de Grégoire Delacourt, sa façon d'aligner les mots un derrière l'autre, de décrire et de rendre compte de si belles façons. Mais l'histoire me laissait pantois. Oui, c'était très estival: un amour d'ados, un premier baiser, un narrateur éperdu d'amour qui promet sa vie à celle qui l'éconduit. Puis il y avait le décor, la plage, le bal du 14 Juillet, les vacances. Vous voyez le genre? Ça sentait le mièvre, la commande, le facile, voir, le commercial. Alors j'ai trainé un peu avant d'entreprendre la seconde partie, où il s'agit d'une femme dans la trentaine qui la vit dure. Mère célibataire, elle raconte d'abord son amour d'enfance qui l'a poursuivie toute sa vie, hantée devrait-on dire. Puis un autre est apparu qui est disparu ensuite, bref, ça va mal.
Je n'avais pas tellement envie de rester avec Delacourt, jusqu'à ce que j'aperçoive de liens: un lieu, une journée, une chanson, et même des personnages, qui, peut-être, pourraient faire de ce livre quelque chose de différent. Finalement, la plage, le soleil, les parasols, tout ça y était peut-être pour quelque chose.
Puis, au troisième récit, j'ai compris non seulement le titre, mais aussi le pouvoir de l'écriture d'un bon écrivain. Parce Delacourt écrit formidablement bien. C'est de la dentelle. Chaque mot est à sa place. C'est un designer, Delacourt. Cet auteur me donne l'impression d'avoir révisé son texte des dizaines de fois pour le rendre parfait. Et c'est efficace. Ajoutez à ça une formidable idée, pas nouvelle, non, mais inattendue, dans cette troisième partie qui commence avec une dame dans la cinquantaine qui cherche à mettre du piquant dans sa vie, et me voici confirmé fan de Grégoire Delacourt.
Par son propos, on aurait envie de dire que ces Quatre saisons... ne sont pas un grand livre. La légèreté de ces histoires d'été, qui se terminent pourtant bien au-delà de la légèreté, pourrait le reléguer au seul rayon des lectures de vacances. Or, c'est à lire l'été, préférablement, disons que ça aide, mais c'est aussi à classer dans la section "Fallait l'faire": oser des histoires de plages, de bals musette et d'amours éconduites avec de tels mots. En fait peut-être s'agit-il du premier vrai roman d'amour que je viens de lire.
Je le répète: Fallait l'faire.
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